Charlotte BODEVEN-CHARLES – Consultante en Lactation IBCLC – Formatrice à
LLL France Formation – Intervention présentée au Congrès LLL France - 16 et 17 octobre 1999
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Perinatal care in the 21st century : evidence that supports changing the management for
both mother and infant.
K Marshall. LLLI Conférence, session 106, 4 juillet 1999.
La période de l’accouchement et du post-partum représente une « période sensible » pendant laquelle la mère est particulièrement ouverte aux besoins de son enfant. Ce centrage de la
mère sur l’enfant est très important pour la mise en place d’un lien mère-enfant solide. Pendant cette période, une mère a besoin d’être soutenue émotionnellement, et d’être protégée.
Il est donc utile de se pencher sur les interventions qui, en post-partum précoce, peuvent augmenter le temps de contact entre la mère et l’enfant, et ce pour un coût modique. L’un des facteurs
les plus importants est le démarrage de l’allaitement. Lorsque la mère souhaite allaiter, le fait de pouvoir mettre son enfant au sein dans l’heure qui suit la naissance et de pouvoir ensuite
avoir son enfant avec elle en permanence lui permettra de mieux démarrer son allaitement. Lorsque ce démarrage se passe bien, les mères allaitent généralement plus longtemps que lorsque ce
démarrage s’est mal passé. Lorsqu’une infirmière passe ne serait-ce que 10 minutes avec la mère après l’accouchement pour l’aider à découvrir son enfant et à décrypter son comportement, la mère
interagit davantage et de façon plus appropriée avec son enfant (Brazelton, 1990).
Depuis la mise en place de l’Initiative Hôpital Ami des Bébés, les maternités de certains pays dans le monde ont constaté un effet inattendu : la baisse massive du taux d’abandon des
enfants. Cela suggère que le contact entre la mère et l’enfant pendant les premiers jours post-partum est crucial pour l’attachement.
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L’observation d’un bébé dont on respecte le comportement montre que le nouveau-né humain a, tout autant que les autres petits mammifères, la capacité de trouver le sein maternel pour téter. Après
une naissance normale, l’enfant est généralement calme et éveillé ; il pleure rarement et semble très occupé à regarder sa mère. Environ 30 à 40 minutes après la naissance, il commence à
faire des mouvements de succion, la salive commence à couler sur son menton. S’il est placé contre la poitrine de sa mère, il se déplacera pour tenter d’atteindre le mamelon en rampant, en
poussant avec ses bras et ses jambes. L’odeur particulière du mamelon aide l’enfant à le repérer. Certaines substances odorantes du liquide amniotique sont aussi présente dans la sécrétion des
glandes mammelonnaires (mais pas dans le lait). De ce point de vue, le fait que l’enfant tète ses mains pourrait jouer un rôle dans la reconnaissance du sein.
Toute cette période de progression vers le sein favorise la sécrétion d’ocytocine chez la mère, ce qui facilite l’expulsion du placenta et abaisse le risque d’hémorragie. Toute intervention
intempestive désorganisera ce comportement programmé du bébé. En conséquence, il est fortement recommandé d’attendre que cette première tétée ait eu lieu avant de se préoccuper d’administrer de
la vitamine K, des gouttes dans les yeux, de peser et mesurer l’enfant.
Pendant des décennies, la règle a été de limiter au strict minimum nécessaire les contacts mère-enfant en post-partum précoce. Actuellement, rien ne permet de penser que le fait de restreindre le
contact entre une mère et son nouveau-né soit susceptible de présenter un quelconque avantage. En revanche, des études ont montré que cela peut présenter divers inconvénients, dont des
difficultés d’allaitement et des problèmes dans la relation mère-enfant. Dans la mesure où les routines hospitalières induisant une séparation mère-enfant ont démontré des effets nocifs, il est
nécessaire de les supprimer pour adapter des routines respectueuses de la biologie de la mère et de l’enfant pendant cette période critique.
Les recommandations suivantes semblent appropriées :
Permettre à la mère de bénéficier pendant l’accouchement de l’aide physique et émotionnelle d’une « doula ».
Eviter autant que faire se peut l’utilisation des analgésiques et de la péridurale, dont on sait maintenant qu’ils ont un impact négatif sur le démarrage de l’allaitement et les interactions
mère-enfant.
Lorsque l’enfant est né à terme et qu’il semble en bonne santé, il sera placé nu contre sa mère immédiatement après la naissance, et recouvert d’une couverture, et ce pendant au moins la première
heure, sans être dérangé. On lui permettra de décider du moment où il sera prêt à prendre le sein.
Les nurseries seront fermées. Tous les bébés seront systématiquement gardés par leurs mères. Eventuellement, une petite nurserie sera disponible pour les nourrissons dont la mère est malade.
Un contact physique fréquent favorise le démarrage de l’allaitement et permet la création d’un lien étroit entre la mère et son enfant. On conseillera donc aux mères de débuter l’allaitement dans
l’heure qui suit la naissance, et d’allaiter à la demande pendant au moins les 2 premières semaines.
Si l'on n'observe pas de selles et/ou très peu d'urines, si le bébé semble avoir un problème, la supplémentation avec du lait maternel exprimé peut être envisagée. La plupart des problèmes se
résolvent avec le temps, mais un nouveau-né ne devrait pas être laissé à jeun pendant une longue période. L'enfant né à terme dispose de réserves de liquides extracellulaires. Mais après un ou
deux jours sans recevoir de nutriments, l'enfant peut se déshydrater. Si l'enfant ne prend pas le sein pendant 12 h, il faut évaluer la situation.
J3 (de 48 à 72 heures)
A J3/J4, l'enfant placé entre les seins de sa mère, montre le même type de comportement destiné à l’amener à prendre le sein qu'à la naissance. Mais l'enchaînement de ces comportements est
beaucoup plus rapide. S'il a eu accès librement au sein, l'enfant est devenu très efficace pour téter et cette journée devrait bien se passer. 8 à 12 tétées par 24 heures représentent la
norme.
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